Le marché à bétails de Kayes N’di est situé non loin de la direction régionale de l’élevage. Ce marché, connaît d’énormes problèmes d’assainissement depuis des années. La boue, les eaux stagnantes, rendent l’accessibilité difficile en période hivernale. En plus de l’aliment bétails, ces difficultés cuisantes sont décriées par les éleveurs et marchands de bétails à longueur de journée. Ils évaluent leur perte à environ, huit millions de franc CFA, chaque année. Cet espace, sur lequel ils exercent, serait un titre foncier privé, qui appartiendrait à une association de la ville à en croire le président des éleveurs et marchands de bétail de la région et de la ville de Kayes. Mais selon le premier magistrat de la commune urbaine de Kayes, « c’est un espace public qui n’appartient à aucune association ». Pour Adama Guindo, « tôt ou tard ils seront déguerpis de cet endroit et vous le saurez, le moment venu ».
Sur ce marché bien connu des Kayesiens et de la sous-région, se trouve un parc à vaccination pour les animaux. Des toilettes qui existent ont été construites pour la clientèle sur fond propre des éleveurs. Malgré le paiement régulier des taxes à la mairie de Kayes, ils (éleveurs) pensent que les autorités communales ne font rien quant à l’amélioration de leur condition de travail en dépit des nombreuses démarches entreprises auprès d’elles à trouver une solution. Pour eux, ce silence sonne comme « un signe d’abandon ».
Indexée par les éleveurs et marchands de bétails, la mairie par la voix du maire central dit être au courant, mais assure, s’atteler avec ses services à résoudre ce calvaire en déversant « des voyages de sable pour raffermir l’espace grâce à un partenariat avec une société chinoise en activité actuellement à Kayes ».
Les camions de transport des bétails en direction du Sénégal ou de la Mauritanie sont fréquents sur ce parc. C’est là que la plupart des habitants de la cité des rails, achètent leur bétail. Considéré comme l’un des maillons essentiels de l’économie locale, le secteur est en souffrance, faute d’accompagnements adéquats à en croire, aux éleveurs.
Cependant, l’une des plus grosses épines, reste l’aliment bétail « non subventionné par l’Etat » martèle Manga Dramera, président des éleveurs et marchands de bétails de la région et de la ville de Kayes. Il déplore que « l’aliment bétail, soit un véritable casse-tête à cause du prix élevé de la tonne en saison sèche. À cette période de l’année, la tonne coûte deux cent (200 000) voire trois cent mille 300 000 FCFA ». Et M.Dramera de poursuivre « il y a 3 ans, nous avons tenté d’importer l’aliment bétail du Burkina Faso, de la cote d’ivoire, etc. qui s’est vouée à l’échec. Nous étions obligés d’abandonner à cause, des taxes que l’Etat nous inflige » avant d’ajouter : « Le Sénégal subventionne à quarante mille FCFA la tonne, mais une fois au Mali, tu dois débourser plus d’un million de FCFA en taxe, c’est dommage », s’agace-t-il !
Évoquant l’épineuse question du manque d’aliment bétails qui joue en leur défaveur, M.Dramera a laissé entendre « le vrai problème c’est que, le Mali vend une grande quantité d’aliment bétails à la Mauritanie pendant que la demande interne est grande, et du coup, nous sommes soumis à une rude concurrence. La quantité produite au Mali n’est pas suffisante, pourquoi la vendre ailleurs ? Nos usines ne peuvent pas nous alimenter suffisamment comme il le faut, mais on nous fait croire que la production est suffisante pourtant, ce n’est pas vrai. On préfère vendre à la Mauritanie, c’est pourquoi il y a insuffisance. L’augmentation est due au fait que d’autres pays nous font la concurrence dans l’achat, c’est ce qui fatigue les éleveurs maliens principalement ceux de Kayes. L’une des premières conséquences est la cherté du bétail » décriée par les populations.
Créer un fond pour les éleveurs peut faciliter leur accès de crédit auprès des établissements financiers ?
Au regard des difficultés qu’ils éprouvent auprès des banques, une telle initiative pourrait être un ouf de soulagement pour revigorer leur secteur d’activité, un vœu que nourrissent, ces éleveurs. « Les banques refusent d’octroyer du crédit aux éleveurs et n’acceptent pas les garantis de bétails, sauf des biens immobiliers » a fait savoir le président des éleveurs de Kayes.
Entre optimisme et espoir, les éleveurs et marchands de bétails espèrent que les autorités prendront en compte, l’une de leur préoccupation majeure en subventionnant l’aliment bétails, qui leur permettra de fournir une bonne qualité de viande. Si l’élevage est bien organisé, il peut contribuer à la lutte contre le chômage qui nécessite un accompagnement conséquent des acteurs pour réussir ce pari.
Michel Yao
