Un ex-migrant devenu maire, hisse la commune de Karakoro vers le sommet

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Le Maire de la commune rurale de Karakoro accompagné d'un sage du village de Boutinguise

Après avoir vécu longtemps en France et parcouru plusieurs capitales d’Europe,d’Asie(Japon, Thaïlande, Malaisie,Corée du Sud) et l’Australie en Océanie,un ex-migrant de retour, dirige depuis les dernières élections municipales du 20 novembre 2016, la mairie de Karakoro située à environ 120 km de kayes chef-lieu de région,dans l’arrondissement d’Aourou(cercle de Kayes). Deux ans après son accession aux affaires en tant que maire de cette commune enclavée au budget excédentaire en 2017, quel visage présente la commune rurale de Karakoro aujourd’hui ?
Au cours d’un entretien accordé au site d’information en ligne kayeskunafoni à mis parcours du mois de décembre 2018, le natif de Boutinguise qui a décidé de s’installer chez lui pour servir sa communauté fait le point sur l’éducation, le développement, etc. dans la commune de Karakoro. Il aborde aussi les conséquences de la migration irrégulière et fait des propositions à ceux qui sont tentés par cette aventure. Qui est donc, cette personnalité au carnet d’adresses éloquent tirant la commune de Karakoro vers le sommet ?
La réponse dans cette entrevue réalisée dans son village natal…

Kayeskunafoni : Monsieur le Maire merci d’avoir accepté nous parler.Commençons par vous présenter à nos lecteurs, qui est le maire de Karakoro ?

Maire de karakoro : tout d’abord, avant de me présenter, permettez-moi de saluer votre initiative auprès de ma modeste personne. Prendre la route de Kayes-Boutiguise à moto n’est pas une mince affaire vu l’état de la route.Pour revenir à votre question, je suis M.siriman Camara,maire de la commune rurale de Karakoro arrondissement d’Aourou cercle de kayes.

Kayeskunafoni : monsieur Camara, Pouvez-vous nous parler un peu, de votre commune qui attire tant de convoitise ?
Maire de Karakoro : merci, la commune de karakoro est une commune rurale qui compte 7 villages et des hameaux dont le chef-lieu de commune est Téssibé, Kali Nioro, Suenangandegua,Suenan tout couleur,Souenan soumaré , Boutinguise,Haité avec vingt mille habitants environ.

Kayeskunafoni : quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face dans votre commune ?
Maire de Karakoro : les difficultés sont nombreuses, il y a d’abord les difficultés que nous éprouvons pour le paiement des taxes et impôts qui doivent aider au développement de la commune. Nous sommes confrontés à un problème de route, pour rallier kayes qui est le chef-lieu de région avec une distance d’environ 120 km. Pendant l’hivernage, la route devient impraticable, aucun véhicule ne peut aller ni venir, pour cela, il faut compter à peu près 3 jours de route. Ces routes existent pratiquement depuis la création du Mali.

Kayeskunafoni : quand on parle de développement d’une localité, ceci concerne un certain nombre de secteurs si importants comme la santé, l’éducation et autres. Alors, quelle est la situation exacte au niveau de l’éducation et de la santé dans votre commune ?

Maire de karakoro : je peux vous affirmer qu’il y a un net changement comparativement à la période ou notre équipe arrivait à la tête de la commune, beaucoup de choses restaient à faire dans ces domaines que vous avez énuméré tout à l’heure. Pour développer une commune rurale,il faut un consensus avec tous les acteurs des différentes communautés villageoises. Prenons le cas de l’éducation, il n’y avait pas de convention signée entre les Comités de Gestion Scolaire(CGS) et la mairie, or sans convention entre les deux parties,cela signifie un manque de suivi de la part des CGS, par conséquent il n’y pas d’école. Après avoir pris acte de cette situation ,nous avons travaillé dans ce sens et Dieu merci ,une convention a été signée entre les CGS des écoles de la commune et la mairie. Nous avons signé un partenariat avec l’UNICEF pour la mise en place des centres pastoraux dans certaines écoles de la commune financés par cet organisme afin de permettre aux enfants de 6-7 ans qui ont deserté l’école faute de moyen, à les reintingrer en leur donnant une deuxième chance. Il existe, au moins trois dans ma commune avec des initiations de recherche des financements pour les écoles.Ce sont Haité, Boutinguise,Téssibé et Kalinioro. En 2017, l’UNICEF a octroyé une somme de quatre cent mille(400 000) franc CFA à chaque école, des 4 villages que j’ai cité tout à l’heure, en créant une association de gestion des fond pour les reverser aux CGS et aider en retour les enfants démunis dont les parents n’arrivent pas à acheter les fournitures scolaires à poursuivre les études. Cette année, l’UNICEF à travers le PAM et le Cap a versé 575000FCFA aux CGS pour l’achat des tables bancs,cahiers aux écoles bénéficiaires.

Kayeskunafoni : vous avez longuement parlé de l’éducation, pouvez vous aborder, les autres secteurs à part l’éducation ?

Maire de Karakoro : effectivement, j’ai été certes long sur l’éducation, mais il fallait souligner certaines choses. En dehors de l’éducation, plusieurs projets de développement ont été initiés.À Boutinguise, il y a la fondation ADPMALIBA qui a financé un périmètre maraîchère de 2 hectares au profit des femmes à hauteur de onze millions(11 000 000) de Fcfa grâce à nos recherches des financements pour la concrétisation des projets dans la commune. D’autres projets de ce genre, sont en cours pour les autres villages de la commune, pour permettre aux femmes de mieux mener leurs activités génératrices de revenu.Il faut préciser que, la création des marchés hebdomadaires à Boutiguise,Téssibé et Kalinioro avec 4 000 habitants à peu près dans chacun de ces villages nous tient vraiment à cœur. Les études de faisabilité ont été effectuées, nous attendons les financements. Nous travaillons à la création d’un centre secondaire d’état-civil pour faciliter l’obtention des documents de nos populations. La mairie se trouve à Téssibé distant de 17 km de Boutinguise, Haité-Téssibé 24 km,Kalinioro 11 et Souéna-Téssibé 12 km et c’est le budget d’investissement d’Etat qui doit le financer à hauteur de 17 millions de nos francs. Pour résumer, beaucoup de projets verront bientôt le jour pour mieux développer notre commune.

Kayeskunafoni : quelle est la situation de l’assainissement dans votre commune ?
Maire de Karakoro :nous sommes entrain d’aménager deux dépôts d’ordures dans chaque village de la commune.Il y a la réalisation d’une adduction d’eau en cours à Souéna ,un 2 ème château d’eau à Boutinguise .Je profite de cet espace pour saluer et remercier les chefs de villages qui m’accompagnent jours et nuits dans toutes les initiatives de développement de la commune.

Kayeskunafoni : les expatriés sont aujourd’hui d’un apport économique capital pour notre pays, particulièrement la région de kayes, qui a une forte diaspora.Dites-nous ce que la diaspora de votre localité apporte s’il y en a bien sûr

Maire de  karakoro : oui, nous avons des ressortissants de la commune vivants en Europe. D’ailleurs, il faut saluer ces braves hommes et femmes qui m’accompagnent avec des conseils sans hésiter depuis notre arrivée aux affaires. Ils paient les Taxes de Développement Régional et Local (TDRL), les impôts. Nous sommes à notre deuxième année et je compte beaucoup sur leur apport pour développer la commune de Karakoro qui a eu un excédant budgétaire en 2017 et ce sera pareil aussi pour 2018. Il y a la Banque Mondiale qui nous a appelé pour nous féliciter sur ce travail remarquable.Ce qu’il faut aussi savoir,c’est qu’il y a 6 enseignants payés sur fonds propre de la commune à 11 millions chaque année. Cet argent pouvait servir à faire autre chose.

kayeskunafoni: quelles sont les activités menées dans votre commune ?

Maire de Karakoro : il y a un peu de tout dans la commune, l’élevage, l’agriculture, la migration, etc., sinon le village a pour principale activité l’agriculture.

Kayeskunfaoni : avant de terminer parlons de la migration irrégulière qui fait beaucoup de victimes,votre commune est-elle touchée par ce triste phénomène ?

Maire de Karakoro : malheureusement nous sommes frappés par cette triste réalité presque chaque jour, parce que les jeunes continuent d’emprunter le chemin du désert et de la mer pour chercher une vie meilleure ailleurs comme on l’avait fait dans le temps, mais différent du contexte actuel. Bien vrai que la migration irrégulière à d’énormes conséquences, il faut reconnaître aussi qu’elle a des aspects positifs. Beaucoup de centres de santé, des écoles, etc. , dans nos communes ont été réalisés grâce aux migrants. Pour ma part, je demande à ceux qui veulent partir de rester, car la meilleure vie se trouve chez soi. Il faut orienter ces jeunes dans des formations pour mieux bâtir notre nation. S’ils partent tous, qui restera pour le développement de notre pays ? Je dis qu’aujourd’hui, les ressources minières que dispose la commune de Karakoro sont largement suffisantes pour se faire tuer dans le désert ou la mer. Qu’ils acceptent de se former par exemple dans des écoles de mines pour mieux bénéficier de tous ces avantages-là.

Kayeskunafoni : votre mot de fin ?

Maire de Karakoro : c’est de lancer un appel aux jeunes pour leur dire ceci : personne ne viendra développer notre pays, ni notre commune à notre place ,engageons-nous à le faire main dans la main pour offrir un avenir radieux à nos enfants et petits fils qui viendront après nous.

Kayeskunafoni : merci monsieur le maire, d’avoir accepté répondre à nos questions.

Maire de Karakoro : c’est moi qui vous remercie et bon vent à Kayeskunafoni, j’aime voir des jeunes qui ont des initiatives telles que la vôtre.

Kayeskunafoni : merci pour les compliments.

Entretien réalisé par Michel Yao

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