Pourquoi la période de fête de la Tabaski me stresse ?

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Au lieu d’être un moment de joie, la fête de la Tabaski est devenue pour beaucoup de gens l’occasion d’une sorte de compétition. Et là où elle devrait être un moment de réconciliation, elle peut même être à l’origine de nouvelles rancoeurs, écrit le blogueur Malize.

Selon la tradition islamique, la fête de Tabaski ou du mouton commémore la soumission d’Ibrahim (Abraham dans la tradition juive) à son Dieu, symbolisée par l’épisode où il accepte de sacrifier, sur l’ordre de Dieu, son unique fils Ismaël. Pour récompenser cette soumission à l’ordre divin, Dieu envoie l’archange Gabriel (Jibrīl) qui, au dernier moment, substitue à l’enfant un mouton qui servira d’offrande.

Au Mali, cette fête de la Tabaski est devenue une occasion pour chaque personne de passer du temps avec la famille, de porter de beaux habits, de manger la bonne nourriture et d’avoir une pensée pieuse pour les personnes qui nous ont quittés. Il est donc supposé être un moment de joie.

La fête a perdu son sens          

À l’époque de mon enfance, cette fête était l’occasion pour nous de demander à nos parents des habits, des chaussures de fêtes et un peu d’argent pour organiser une petite rencontre avec les autres jeunes. Est-ce parce que maintenant je suis devenu un père de famille, que je dois acheter des habits, des chaussures, donner l’argent à ma famille pour d’autres dépenses, que cette période de fête me stresse ? Sûrement pas, puisqu’on peut planifier toutes ces dépenses longtemps avant l’arrivée de la fête.

Ce qui me dérange le plus est que cette fête semble avoir perdu une partie de son sens. Au lieu d’être un moment de joie, il est devenu pour beaucoup de gens l’occasion d’une sorte de compétition, où les frères et les cousins rivalisent pour porter les plus beaux habits, ou sacrifier le plus gros mouton. Les pauvres s’endettent même pour paraître plus riches, ce qui, je trouve, est excessif.

Tout le monde veut être salué en premier

Bamako est une grande ville et presque chaque personne a une famille dans plusieurs quartiers. Nos papys, mamys, tontons et tantes veulent tous être les premiers chez qui nous allons passer pour les salutations d’usage, habillés de nos plus beaux boubous. La règle veut que  le premier jour soit consacré aux personnes les plus importantes, le deuxième aux moins importantes, et le troisième à ceux qui sont presque sans importance. Ceux que tu iras saluer le deuxième ou le troisième jour penseront que tu n’as pas beaucoup de respect pour eux, ils te feront des reproches et garderont une rancune contre toi.

La Tabaski peut donc être l’occasion de se faire des ennemis, alors que ce n’est pas notre intention.

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