Zimbabwe: explosion lors d’un meeting du président Mnangagwa à Bulawayo

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Au Zimbabwe, une explosion s’est produite, ce samedi 23 juin samedi après-midi, lors d’un meeting du président Emmerson Mnangagwa, à Bulawayo, la deuxième ville du pays qui est aussi un bastion de l’opposition. Le président a échappé à l’explosion, selon son porte-parole, mais il y a plusieurs victimes y compris des officiels et des membres du gouvernement. L’accident vient perturber la campagne électorale, avant l’élection présidentielle du mois prochain.

Emmerson Mnangagwa vient de terminer son discours devant des centaines de partisans et salue la foule en quittant la scène. Quelques secondes plus tard, une forte explosion retentit sur cette même scène. Des officiels de la Zanu-PF et des journalistes zimbabwéens se trouvent alors à l’endroit même de l’explosion.

Le porte-parole de la présidence s’empresse de déclarer que Mnangagwa a été évacué sans soucis et qu’il n’est pas blessé, rappelant au passage que le président a été victime de plusieurs tentatives d’assassinat, ces dernières années.

D’après la télévision publique, les deux vices-présidents Kembo Mohadi et Constantino Chiwenga auraient été touchés par le souffle de l’explosion. Ce serait aussi le cas de la ministre l’Environnement, Oppah Muchinguri, selon un média local.

Dans son premier tweet, le président Mnangagwa indique qu’il a rendu visite aux blessés hospitalisés. « Cet après-midi, alors que nous partions d’un magnifique rassemblement à Bulawayo, il y a eu une explosion sur la scène. Plusieurs personnes ont été touchées par l’explosion, et je suis déjà allé leur rendre visite à l’hôpital ».

President of Zimbabwe

@edmnangagwa

This afternoon, as we were leaving a wonderful rally in Bulawayo, there was an explosion on the stage. Several people were affected by the blast, and I have already been to visit them in the hospital.

Reste que cette explosion – dont on ne connaît pas encore l’origine – donne une autre dimension à l’élection zimbabwéenne, la première élection sans Robert Mugabe qui doit avoir lieu dans un peu plus d’un mois.

Cet incident intervient alors que les observateurs européens arrivent, ce week-end, dans le pays pour témoigner du bon déroulement de l’élection.

Motivations politiques ?

Dans une brève déclaration à la télévision nationale, le président zimbabwéen a déclaré qu’il était « habitué à ces tentatives », suggérant ainsi qu’il était bien la cible de l’attaque. Plus étonnant, il a précisé que selon lui, ce n’était pas un habitant de Bulawayo qui en était l’auteur. La seconde ville du pays est un bastion du parti d’opposition le MDC.

C’est surtout la région de l’ethnie Ndebele, qui a vécu dans les années 80, une terrible répression qui a fait plus des dizaines de milliers de morts, une répression dont Emmerson Mnangagwa était l’un des artisans. Pour le chercheur Derek Matyszak, le chef de l’Etat en tenant ces propos, a sans doute voulu éviter le risque d’escalade entre groupes ethniques.

Après cette déclaration, certains regards au sein de la Zanu-PF se tournent vers la faction de Robert et Grace Mugabe, ennemis déclarés du président. Mais d’après Derek Matyszak, il ne faut pas écarter non plus l’hypothèse d’une manœuvre du clan présidentiel. Ce serait alors un moyen pour le président Mnangagwa de déployer davantage de militaires, un moyen souvent utilisé par l’ancien régime pour faire pression sur les électeurs le jour du vote.

Appel à une enquête indépendante

Son principal adversaire à la présidentielle, Nelson Chamisa, a condamné les « terribles événements » de Bulawayo. Le sénateur David Coltart, un ancien ministre du MDC, appelle à une enquête digne de ce nom.

« Nous espérons que l’enquête sera indépendante et rigoureuse et que les coupables seront identifiés et punis. C’est ce qui devrait être fait. Mais, bien entendu, l’histoire de notre pays montre que souvent des innocents et non les véritables coupables sont punis. Il ne faut pas que l’enquête soit manipulée à des fins politiques. Le problème, dans notre pays, c’est que la police est traversée par les courants qu’on trouve au sein de la Zanu-PF. On en a eu la preuve, encore récemment, lorsque le directeur général de la police a été limogé et lorsque l’armée, par suite du coup d’État, a jugé bon d’assumer certaines responsabilités dévolues en temps normal à la police. On peut conclure qu’il y a beaucoup de défiance chez les policiers et, peut-être aussi, entre les policiers et les militaires. C’est pour ça que seul des enquêteurs professionnels, redevables à ni l’une ni l’autre des factions de la Zanu-PF, seront à même de trouver les coupables. »

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