Enrichissement illicite dans l’administration publique: CAUSES ET TYPES IDENTIFIÉS

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L’échantillon a concerné 711 agents de l’administration publique

Pot-de-vin, trafic d’influence, favoritisme, fraude, détournement de deniers publics et extorsion, telles sont les principales causes du phénomène, selon un rapport de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite

Au Mali, une étude commanditée par l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) identifie les types d’enrichissements illicites et les causes à l’origine de ce mal qui ronge notre pays et plombe l’avenir des générations futures. Le rapport de cette étude, dénommée «Etude étiologique du phénomène de l’enrichissement illicite dans l’administration publique malienne», a été validé à la faveur d’un atelier qui a eu lieu vendredi dernier à Laïco hôtel Amitié.
Il ressort de ce rapport que sur un échantillon de 711 agents concernés par l’étude, 55,8% affirment que la faible rémunération des agents publics est l’une des principales causes de l’enrichissement illicite au Mali. 88,05% de ces personnes disent n’avoir pas confiance en la justice malienne. Alors que 96,06% trouvent que les règles, les procédures, les lois et les règlements sont loin d’être respectés au niveau de l’administration malienne. Quant à l’aspect économique, une catégorie de l’étude, 57% des agents interrogés, estiment que la «volonté d’être riche» est l’une des causes de l’enrichissement illicite au niveau des services publics maliens, pendant que 55,3% pointent du doigt le mode de vie des Maliens et la dégradation des mœurs. La liste est loin d’être exhaustive.
Ces résultats ont permis, selon le document de 91 pages, aux enquêteurs d’identifier les pratiques d’enrichissement illicite les plus courantes au sein de l’administration publique malienne. Pot-de-vin, trafic d’influence, favoritisme, fraude, détournement de deniers publics et extorsion, telles en sont les principales, selon le rapport. Ces pratiques prolifèrent, déplore l’étude, à cause de la faiblesse du système institutionnel, législatif, réglementaire, du revenu des agents publics, de la volonté d’être riche, de la fragilité du système juridique et judiciaire. Le mode de vie (dépenses socioculturelles) des Maliens, la dégradation des mœurs, la méconnaissance des droits et devoirs par les citoyens, et l’insuffisance de la volonté politique, sont aussi évoqués par les auteurs de cette étude, réalisée par le Cabinet Aicha Consulting et Audit.
Rappelons que cette étude a été réalisée dans le district de Bamako et les régions de Kayes, Koulikoro et Sikasso. Elle a concerné un échantillon de 711 agents travaillant dans l’administration publique malienne. Les techniques d’enquête ou de sondage utilisées à cet effet ont été, entre autres, l’observation, l’enquête, l’entretien, le brainstorming et le recueil de données. Pour ce faire, les causes de l’enrichissement illicite dans notre pays ont été classifiées en catégories : causes économiques, politiques, institutionnelles, législatives, réglementaires, juridiques et judiciaires, les sentiments d’insécurité personnelle et les causes socioculturelles.
Ainsi, pour mettre fin à ce phénomène, les auteurs de l’étude ont formulé des recommandions, notamment l’amélioration des conditions de travail et de vie des agents publics et du dispositif institutionnel et réglementaire, la réforme du cadre politique, le renforcement des capacités des organes de contrôle, la participation active de la société civile et l’implication des médias dans la lutte contre l’enrichissement illicite.
Intervenant à l’ouverture des travaux, la représentante du président de l’OCLEI avait justifié l’intérêt de cette étude. « Le mandat de l’OCLEI est de mettre en œuvre l’ensemble des mesures de prévention, de contrôle et de lutte envisagée au plan national, sous-régional, régional et international contre l’enrichissement illicite», avait rappelé Mme Bagayogo Fanta Camara. Pour la bonne exécution de cette mission, l’Office est résolument engagé pour la bonne compréhension de ce fléau afin de mieux le combattre, avait-elle assuré.
Amadou B. MAÏGA

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