Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest : LES COMPTES EXTÉRIEURS 2017 DU MALI EN CHIFFRES

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Konzo Traoré (directeur national de la BCEAO), lors de la présentation des comptes.Image:Essor

L’analyse des comptes extérieurs éclaire sur les déséquilibres internes et externes. Et un solde courant des paiements extérieurs
déficitaire est le reflet du déséquilibre entre l’épargne et l’investissement.

La direction nationale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a publié, hier, les comptes extérieurs de notre pays, au titre de l’année 2017. L’événement a été organisé à l’hôtel Radisson Blu, à la faveur de la 11ème Journée annuelle, dédiée à cet effet. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le conseiller technique du ministère de l’Economie et des Finances, Diakaridia Dembélé, représentant le ministre, en présence du directeur national de la BCEAO, Konzo Traoré, et de plusieurs autres participants.
Rappelons que les comptes extérieurs, composés de la balance des paiements et de la position extérieure globale, retracent les échanges entre un pays et le reste du monde. Ils renseignent aussi sur sa capacité à faire face à ses engagements envers l’étranger. Pour évaluer ces échanges, il est procédé chaque année à une enquête auprès des agents économiques.
La Journée annuelle des comptes extérieurs, elle, offre l’occasion aux acteurs de la vie économique nationale (secteurs public et privé) d’échanger sur des sujets se rapportant à la viabilité des comptes extérieurs de notre pays. Le thème choisi cette année est : «La vulnérabilité du pays face à la hausse des cours des produits pétroliers». Ce choix s’explique, selon le directeur national de la BCEAO, par le fait qu’il est noté, chaque année, un accroissement des importations de produits pétroliers du Mali, qui se traduit par un creusement du déficit commercial. Les importations de ces produits sont estimées à 572 milliards de Fcfa, soit 27,3% des importations totales.
«Ainsi, l’analyse ces dernières années des comptes extérieurs, met en relief la vulnérabilité de notre économie», a fait constater Konzo Traoré. Selon lui, le déficit courant qui ressort à 7,9% du Produit intérieur brut (PIB) en 2017, contre 7,2% en 2016, continue de se dégrader. Ce taux est supérieur aux critères de convergence de l’Union économique et monétaire oust-africaine (UEMOA) qui table sur un déficit maximum de 5%. «Cette hausse s’explique par la contre-performance enregistrée dans les échanges commerciaux», a t-il déploré. «Ce déficit a, en partie, été résorbé par les flux de capitaux privés et publics plus importants en 2017. D’où un déficit de la balance des paiements qui s’est contracté, en s’établissant à 101,5 milliards de Fcfa, contre 317,8 milliards en 2016», s’est-il réjoui.
Par ailleurs, nos exportations, en 2017, vers le reste du monde se sont élevées à près de 1.686 milliards de Fcfa, soit une hausse de 0,6%. L’or vient en tête avec 69,7% de part, soit un peu plus de 1.175 milliards. Le coton, avec une part de 223 milliards, pointe à 13,3%, contre 6,5% pour le cheptel (108 milliards), 2,6% pour l’engrais et 0,4% pour les mangues. Ces produits ont été destinés à 61,9% à l’Afrique, 11,2% pour l’UEMOA, l’Europe 23,2% et l’Asie 14,5%.

Amélioration en 2018 – Quant aux importations, en hausse de 3,8%, leur valeur s’élève à 2.095,4 milliards de Fcfa. Le Mali importe aussi 46,3% de ses produits en provenance de l’Afrique, 25,9% de l’Europe et 21,5% de l’Asie.
Les envois de fonds reçus des travailleurs migrants, eux, sont estimés à 422,8 milliards Fcfa. Ils se repartissent comme suit : UEMOA (26,4%), zone euro (46,4%) et le reste du monde 27,2%.
L’aide budgétaire a été mobilisée à hauteur de 48,6 milliards de Fcfa. Aussi, 2017 s’est caractérisée par une forte hausse des investissements directs qui se sont établis à 318 milliards de Fcfa. «Cette amélioration est due en grande partie à l’ouverture de nouvelles mines, nécessitant des investissements importants», a indiqué le directeur de la BCEAO.
En 2018, il est attendu une amélioration des comptes extérieurs avec un solde global déficitaire de 63,1 milliards de Fcfa, contre 101,5 milliards en 2017. Cette amélioration s’explique, selon les experts de la BCEAO, par la hausse du cours et du volume du coton, l’augmentation de 20,3% du volume d’or exporté (soit 10 tonnes de plus qu’en 2017) ainsi que des prix des produits pétroliers. Pour ce qui est de la balance commerciale (différence entre les importations et les exportations d’un pays), «il est attendu une baisse de son déficit du fait de la hausse des exportations de biens et un repli de l’appui budgétaire global», explique un document synthétique sur ces estimations.
«Pour notre pays, l’amélioration du solde courant requiert la diversification des exportations, l’accroissement de la production agricole en vue d’une réduction substantielle des importations de produits alimentaires (assurer par exemple l’autosuffisance alimentaire en riz)», préconise le patron de la BCEAO. Selon lui, il importe aussi de promouvoir des entreprises évoluant dans le secteur des services, qui constituent aujourd’hui, une des principales sources du déficit courant.
Commentant ces résultats, le conseiller technique, Diakaridia Dembélé, a noté que l’analyse des comptes extérieurs éclaire sur les déséquilibres internes et externes.
Pour lui, un solde courant des paiements extérieurs déficitaire est le reflet du déséquilibre entre l’épargne et l’investissement. Ce déficit peut, selon lui, être interprété comme un excès de la demande globale par rapport à l’offre globale. «Ce surplus de demande est très souvent localisé au niveau du budget de l’Etat», a-t-il reconnu, ajoutant que les actions engagées, dans le cadre des programmes avec le Fonds monétaire international (FMI), «ont pour but de mettre en œuvre des mesures d’ajustement des dépenses publiques afin de restaurer les équilibres internes et externes».
Notons que la BCEAO est chargée de l’élaboration des comptes extérieurs dans chaque Etat membre de l’UEMOA. Le règlement relatif aux relations financières extérieures des Etats membres de l’UEMOA institue, à cet effet, un Comité national de la balance des paiements, chargé de l’adoption des comptes extérieurs. Cette commission est présidée par le directeur de l’Institut national de la statistique (INSAT). La BCEAO en assure le secrétariat dans les pays de notre zone.

Cheick M. TRAORé

Source: Essor

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